17
Août
2025
3

Avec Nicolas Bouvier et Thierry Vernet

Pour la quatrième fois au moins, je suis reparti en 1953 aux côtés de Nicolas Bouvier et Thierry Vernet. Une balade en Fiat Topolino à travers les Balkans, l’Iran et l’Afghanistan. Avec eux, j’ai poussé la voiture dans des cols difficiles à franchir, avalé de la poussière, regardé mes deux compères se battre avec le moteur de notre véhicule.

Nous avons devisé ensemble sur l’état du monde, bu moult thé dans l’une des nombreuses tchâikhane qui parsemaient notre chemin, avalé passablement d’alcool aussi. Nous nous sommes refusés à l’opium, mais avons observé et communiqué avec bienveillance avec les peuples traversés. Nicolas relevant : « Ils manquent de technique ; nous voudrions sortir de l’impasse dans laquelle trop de technique nous a conduit : cette sensibilité saturée par l’information, cette Culture distraite, « au second degré ». Nous comptons sur leurs recettes pour revivre, eux sur les nôtres pour vivre. »

Nicolas et Thierry ont respectivement écrit et peint afin que nous puissions pousser le voyage le plus longtemps possible. Sur le toit des terrasses, nous nous sommes endormis, exténués par les contraintes d’un voyage parfois très physique.

« Nous bercer d’illusions, c’était sa manière à lui de nous aider », notait encore Nicolas à propos d’un homme toujours prompt à nous offrir mille promesses lors de notre voyage.  Me bercer d’illusions est ma manière à moi d’accorder du bon temps à mon esprit et ainsi imaginer avoir réellement baguenaudé avec les deux aventuriers genevois.

Sur la photo de famille de mes lectures manque le Mook Sept.info consacré à Nicolas Bouvier. Égaré ou prêté, je ne sais pas. Mais il est impératif que je me le procure à nouveau cet exemplaire. Albert Londres, Ella Maillart et Joseph Kessel se sentent un peu abandonnés.