Paroles d’un repenti
Il n’a sans doute échappé à personne que, sans être un très gros lecteur (remettons l’église au milieu du village), j’ai tout de même une consommation plutôt régulière de livres (et ne comptabilisons pas les BD là-dedans). Ici, je me dois de réaliser une sorte de mea-culpa. Par le passé, mon esprit s’est goinfré de pages imprimées qui ont transitées par de nombreuses commandes en ligne, justifiant l’injustifiable par « l’imparable » argument économique. Toutefois, le gène de l’amour des livres semble inscrit dans le patrimoine familial : une fille qui se rêve libraire, ça casse assez franchement cette frénésie du « click-panier ». Une remise en question renforcée par les aspirations contrariées de ma maman qui n’a jamais pu atteindre cet objectif. Aujourd’hui, je compense la quantité par une forme de lenteur de mon rythme de lecture : prendre le temps de déguster chaque mot.
J’aime à dire que ce sont les livres qui me choisissent, ils débarquent dans mon esprit par la découverte d’un sujet dans un magazine ou d’une brève sur Internet. Ces déclics m’incitent à fouiller la thématique qui a retenu mon attention. Parfois, c’est le nom d’un écrivain, réminiscence d’un cours de français à l’adolescence, qui me revient soudainement à l’esprit. Puis, il y a les influences. Celles de ma maman qui se plait à me choisir des livres, puis ceux de Danièle de la librairie du Pierre-Pertuis, à Tavannes. L’amour maternel et la professionnelle du livre ont un point commun : elles ont su me cerner et me convier à découvrir des textes que j’aurais loupé sans leurs précieux conseils. La pile de livres sur la photo qui accompagne ces quelques lignes en est l’illustration. Elle se compose d’un extrait de livres qui, récemment, se sont imposés à moi ou sont arrivés par les recommandations avisées des deux femmes précitées.
Aujourd’hui la librairie de Danièle est en difficulté. Sans être une surprise, c’est une nouvelle qui m’attriste. Notre chère libraire mérite une retraite heureuse. Celle-ci passe très certainement par la maîtrise de son destin et un véritable choix, celui de pouvoir transmettre le travail d’une partie de sa vie à une nouvelle équipe motivée, et non pas par une fermeture abrupte liée à un manque de trésorerie. Aussi, envoyons-lui une petite bouée. Osons franchir la porte de la Librairie du Pierre-Pertuis. Certains mercredis, au milieu les livres, vous y entendrez des lectures vivantes agrémentées de quelques notes de musique. Avouez-le, c’est une perspective bien plus agréable à l’oreille que le cliquetis de nos claviers et de nos souris.