13
Oct
2023
5

Vents contraires (3,71 km)

Certains matins, mon regard se fixe sur des morceaux de tissus flottant, ici et là, dans nos villages. Ce n’est pas tellement la qualité des étoffes qui m’intéresse, ni leurs formes et encore moins leurs couleurs bien trop souvent agressives à mon goût.

Ce qui me captive au plus haut point, plus particulièrement lorsqu’Éole bouscule la vallée de ses brusques caresses, c’est la direction indiquée par ces drapeaux improvisés. Que le souffle file vers l’Est et je sais que mon itinéraire se rallongera de quelques trop longues minutes, que mon corps souffrira face à la force de l’air et que mon esprit regrettera ma témérité et mon aérodynamisme limité, stigmatisant ma gourmandise et maudissant notamment le copieux repas de la veille.

À l’automne, à la vigueur du vent, s’ajoute une fraîcheur exagérément polaire qui brisent les couches successives de vêtement prévue pour l’occasion, surtout si la moindre anfractuosité est détectée. Un col mal fermé, et l’air s’enroule autour du cou, glisse le long de la gorge et flirte avec l’innocente poitrine qui se laisse séduire par ce visiteur imprévu. Le corps réagit par de brusques frissons, ses tentatives de résistance sont multiples. Emprisonné, coincé entre la peau et les vêtements, l’air relâche la pression et sous l’effet du corps commence à se réchauffer. Les mains du cycliste ne seront pas non plus restées inactives. D’un geste sûr, ce dernier calfeutre les défauts de son équipement de manière à ne pas être surpris une seconde fois.

Il serait injuste d’évoquer uniquement de manière négative les vents contraires. Les jours de canicule, l’adversaire d’hier appose une agréable sensation sur la peau nue. Deux camps s’affrontent : Vent debout, l’union de la transpiration et du courant d’air luttent contre la chaleur de l’effort et celle de l’astre solaire. Le cycliste, soucieux de sa santé, veille à ce que la balance penche du bon côté en giclant régulièrement l’eau de sa gourde sur son anatomie.

Si par aubaine le vent glisse dans la direction que mes roues, une autre vie débute : mes mouvements s’imprègnent de la légèreté du zéphir économisant ainsi l’énergie à déployer pour carburer durant le trajet.